« mon histoire va vous sembler assez dramatique donc que je ne vois, surtout pas, de la pitié dans vos yeux. Je n’aime pas ça, c’est tout. Je suis née un 02 mars 1989 à Long Beach. Et oui, je suis d’ici – malheureusement. C’est vrai que c’est une belle ville – ok, magnifique – mais elle me rappelle trop de mauvais souvenirs. Tout allait pourtant dans le meilleur des mondes. Une belle famille dans une belle petite maison familiale, des parents aimants et deux petites filles adorables. LE cliché, quoi. Ma sœur et moi – de deux ans mon ainée – étions très heureuses. Nous étions inséparables et nous avions surtout tout ce qu’un enfant pouvait espérer d’avoir. Un joli tableau que je vous décris là, n’est-ce pas ? un peu trop à mon goût et pas qu’au mien d’ailleurs. En effet, cette partie là de mon histoire, j’aurais voulu l’éviter. Je n’en parle jamais même avec ma sœur. Ce sujet est comme tabou, comme celui sur mes parents. En tout cas, lorsqu’on dit que rien n’est beau ni parfait et bien, c’est tout simplement vrai. »

« J’avais à peine 14 ans – ma sœur, 16 – je rentrais du collège toute contente de ma note de mathématiques. Oui, j’avais eu un A – pour pas changer de d’habitude. Petite studieuse, que voulez-vous. Mais une fois arrivée devant chez moi, deux voitures de polices y étaient garées. L’incompréhension se fit alors ressentir sur mon visage. Le cœur battant, j’ouvris la porte d’entrée. Assise sur le canapé, ma sœur semblait être perdue et pleurait à chaudes larmes devant deux hommes. Je compris tout de suite. Vous savez, cette intuition qui vous vient tout de suite et cette petite chose dans votre tête qui relit tout en un instant. Alors, vous comprenez. Moi, j’ai compris que mes parents n’allaient plus jamais franchir le seuil de notre maison. Une larme, puis deux, puis je perdis pied. »

« La vie n’a plus jamais été pareille après ça. Ma sœur est maintenant tout ce que j’ai. C’est elle qui a pris soin de moi après la mort de nos parents. Je l’aime. La toucher, c’est me toucher. Lui faire mal, c’est m’en faire. Nous sommes devenues beaucoup plus complices, faisant tout ensemble. Pour moi, c’était l’exemple à suivre. En apprenant l’assassinat de nos parents, Jeyna n’a plus jamais été la même puis s’est enfermée sur elle-même. J’ai compris d’ailleurs, pourquoi. La drogue, l’alcool, la cocaïne. Je n’aimais pas ça au début, puis j’y ai touché. »

« Aujourd’hui, je suis serveuse. Je gagne ma vie comme je peux. J’aurais pu faire un métier plus merdeux que celui-ci alors j'suis contente. Ma sœur, elle, est hôtesse de l’air. Je suis fière de ce qu’elle est devenue. Sauf que derrière tout ça, une grande blessure est toujours restée ouverte. Arrivée chez nous, on se retrouve souvent à se défoncer comme des malades. Bien oui, je suis une droguée, mais justement, c’est ma dose d’adrénaline de la journée. »