« Oh non ! Elle a pas fait ça ?!» Me suis-je exclamée en découvrant un roman autobiographique de ma mère. D’accord, elle écrit des bouquins, d’accord, je trouve ça génial. Mais ça, non ! Mille fois non ! Pourquoi a-t-elle fait une chose pareille ? Je vois déjà le tableau, elle aura écrit comment nous étions, mon frère, ma sœur et moi-même lorsque nous étions enfants. Lorsqu’elle était encore une mère qui avait une certaine influence sur sa progéniture. Je désespère réellement. Mais, étant curieuse, je décide de prendre le livre. D’ailleurs, pourquoi elle n’a rien dit ? Décidément, je ne comprendrais jamais. J’ai pris le livre, et je suis rentrée chez moi. Je me suis assise sur le canapé, et j'ai commencé ma lecture. J’oublie volontairement quelques passages pour en venir à la partie où elle parle de moi. Non pas que je ne m’intéresse pas à sa vie, mais je la connais par cœur. Maintes fois elle a raconté son histoire, sa carrière de mannequin, la rencontre avec notre père. Enfin, le tableau habituel. Ah ! Je tombe enfin sur le passage que je souhaite : ses enfants. Je me cale plus confortablement dans le canapé, et me concentre pour lire. Je prie en même temps pour qu’elle n’ait pas dévoilé trop de choses.

« Gemma est ma seconde fille, le troisième enfant de la famille. J’ai toujours voulu avoir une grande famille, et lorsque j’ai appris cette grossesse, j’étais vraiment heureuse. Seulement, mon instinct de mère me disait que cet enfant serait plus difficile que les autres. Avec Ulysse et Georgia, je n’avais pas eu de gros soucis, et je me disais qu’il fallait bien que cela m’arrive une fois. Et je ne faisais pas fausse route. Durant ma grossesse, Gemma était très agitée. Elle donnait beaucoup de coup de pieds, j’étais réellement épuisée. Je ne pouvais plus rien faire. Je passais la plupart de mes journées assise ou allongée, je dormais presque tout le temps. Cette petite semblait vouloir me donner du fil à retordre. Mais peu importe, je voulais cet enfant, et je l’aimais déjà, tout comme son père. J’avais préparée les deux grands à cette venue, je pensais qu’ils auraient eu quelques réticences, mais rien du tout. Ils semblaient être heureux. Gemma était donc très attendue par toute la famille. »

J’en verserais presque quelques larmes ! Personnellement, je ne vois pas du tout l’intérêt de dire une telle chose au monde entier. Qu’est-ce que cela changera ? Ils se fichent de savoir à quel point j’étais une teigne, même dans le ventre de ma mère. C’est quoi cette manie de vouloir tout dire à tout le monde ? Je pris pour que ce livre tombe dans l’oubli !

« Le quinze février de l’année dix-neuf-cents quatre-vingt-dix, Gemma Keenyah Williams est venue au monde. » Oh mon Dieu ! Faites qu’elle ne raconte pas les détails de son accouchement. S’Il vous plaît, mon Dieu ! Pitié ! « C’était une magnifique bébé, des cheveux blonds, un regard à faire fondre. J’en étais folle, ainsi que son père. Et, son frère et sa sœur n’ont pas échappés à cette règle. Nous en étions fous. Après neuf mois d’attente, nous avions enfin la joie de voir cette petite princesse. Petite, Gemma était très douce et câline, elle en voulait tout le temps. Il n’y avait pas une heure sans qu’elle vienne voir tout le monde pour avoir un câlin. C’était sa marque de fabrique. A l’époque, nous vivions à San Francisco, et nous étions très heureux. Mes enfants grandissaient bien, la carrière de mon mari décollée, et moi, j’étais bien entourée. Je n’aurais pu rêver meilleure vie. Et puis, nous nous sommes fais beaucoup d’argent grâce à nos carrières. Enrichis, nous avons déménagés pour Beverly Hills. »

Pourquoi ça m’ennuie ? C’est quand même mon histoire, et pourtant, ça m’agace. J’éprouve un grand respect pour mes parents, je ne dirais jamais le contraire. Ils sont très importants pour moi, mais, je n’avais pas envie que tout cela soit mit sur papier. Avec leurs carrières, ils étaient souvent absents. Nous, les enfants étions élevés par une nourrice. Mais, notre mère était quand même assez présente, n’allez pas croire l’inverse. Mais, c’est souvent Ulysse qui s’occupait de moi, étant plus grand, il n’avait aucun mal à le faire. Bon, je reprends cette foutue lecture.

« Je me souviens qu’en grandissant, Gemma (qui voulait qu’on la nomme par son second prénom : Keenyah), avait de plus en plus de réticences à venir à l’Église avec nous. Hors, son père et moi sommes très croyants, et la Religion est très importante pour nous. Nous avons éduqués nos enfants avec des règles de conduite à suivre. Et nous espérions que cela fonctionne. Nous nous rendions tous les dimanches à l’Église, sans aucune exception. Une fois qu’ils ont eu l’âge, j’ai clairement expliqué aux enfants que le sexe, ce n’était pas avant le mariage. Dans le cas contraire, ce serait un pêché. Je me souviens encore du regard de Gemma qui était déjà une adolescente. C’était le regard qui voulait tout dire. « Tu plaisantes ? Pas de sexe avant le mariage ? Maman, enfin ! Nous ne vivons plus à l’ancienne époque, réveille-toi ! » Cette phrase me restera toujours. Dans le fond, je savais qu’elle disait vrai. La tentation est toujours bien trop forte. Et, ma petite fille ne voulait plus être cette petite fille modèle. D’ailleurs, je savais toutes les bêtises qu’elle faisait, mais avec son caractère, il était difficile d’avoir une conversation avec elle. »

Je me mets à rire en tournant cette page. C’est vrai que j’étais une vraie rebelle, j’en faisais qu’à ma tête. C’était l’adolescence... Je faisais souvent le mur pour rejoindre mes amis, j’avais des mauvaises notes, et je me faisais souvent virer des cours, mais je m’en fichais, je trouvais cela réellement amusant. Et là, je n’ai pas besoin de tourner les autres pages pour savoir ce que raconte ma mère. Mon père ne faisait plus fortune avec ses films, la Californie était devenue trop chère pour nous. Alors, ils ont décidés de partir au Texas... Mais, sans moi. Je m’étais inscrite à l’UCLA. Mes études ? Sexologie ! Ouais, une petite provocation envers mes parents. Je trouvais cela assez amusant, mais pas eux, je crois... Malheureusement, ce n’était vraiment pas pour moi. Je me faisais vraiment chier... Oups, pardon ! Je m’ennuyais vraiment, ce n’est pas ce que je voulais vraiment faire. Non, mon rêve c’était les strass et les paillettes ! Je voulais être mannequin... Oui, comme ma mère, je sais. Alors, j’ai quitté l’université et je suis partie à Long Beach, rejoindre mon frère. Il tient une agence... Vous devinez la suite ? J’ai supplié mon frère pour qu’il me fasse entrer dans son agence de mannequin, et il a dit oui. Et encore mieux, il m’a pistonnée auprès de tous ses clients ! Une énorme chance pour moi, et je lui en suis très reconnaissance. Je sais que les autres sont jalouses, mais je m’en fiche. La famille passe avant tout. D’autant que mon frère, je l’aime vraiment, je reste très attentionnée envers lui... Mais, ne parlons pas de Georgia... Je n’ai pas envie de mettre une mauvaise ambiance. Depuis ce temps, je suis donc mannequin, et je vis tranquillement ma vie, comme je l’ai toujours voulu.