Sujet: TEDDIE ♪ j'étais prête à tourner la page mais c'est la page qui ne veut pas se tourner. 14.06.11 11:51 Me connaitre beaucoup mieux Douce - Brisée - Effrayée par l'avenir - Aimante - Optimiste, sans qu'elle le sache - Secrète.
Témoignage de Linda, mother ★ Ted ? Ma Ted a toujours été une enfant timide, mais qui paraît un peu grande gueule quand on la rencontre. C'est vrai qu'elle peut être assez cassante parfois, mais ne vous y fiez pas, elle fait ça pour se protéger, c'est une gamine adorable, ma Teddie.
Témoignage de Barbara, twin ★ Bah, on est assez différentes en fin de compte, même si on est jumelles. Par exemple, sur la plage, c'est moi qu'on remarque, pas elle. Même si on se ressemble comme deux gouttes d'eau, elle se mettra jamais en avant. Elle préfère rester à l'ombre le nez dans son bouquin plutôt que d'aller se baigner, par exemple. Elle est coincée, ma sœur ! Enfin non, mais bon. Si on va pas la chercher, elle ira pas. Vous voyez ?
Témoignage de Clayton, last ex-boyfriend ★ C'est une femme... très secrète, pour commencer. Il est difficile de la faire se confier, mais qui est très à l'écoute. Il est facile de se livrer à elle, et elle a le cœur sur la main, toujours la parole qui réconforte. Sans doute du aux drames auxquels elle a eu affaire, je ne sais pas... Elle est charmante, charmeuse, douce. Même si elle peut être assez cassante, c'est vrai. Elle se défend toujours, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, croyez-moi ! Elle est têtue comme une bourrique, aussi. Prenez la avec des pincettes, cette jeune femme est brisée de l'intérieur.
Tics & tocs ★ Je ronge mon frein, au sens propre du terme, lorsque je suis inquiète ou malheureuse. Je passe ma main sans arrêt dans mes cheveux. J'aime les chats. J'aime les vêtements plutôt larges. J'aime l'odeur de la mer et des plages irlandaises. Je trie toujours le maïs dans mon chili con carne. J'ai tendance à regarder dans le vague, même pendant une conversation. Je fume. Je sais, c'est très mauvais pour ma santé, déjà fragile. Mais c'est un vice qui me permet de me détendre...
Parlons chiffons ★ Je suis plus American Vintage que Coco Chanel ou Prada. Les vêtements amples et confortables, de bonne qualité, pas des fringues informes, non, mais des habits dans lesquels je suis à l'aise et qui ne donne pas l'impression que je vais à une soirée donnée par le sénateur. J'aime les docs marteens, les tongues, les chaussons de grand-mère, porter des lunettes pour lire. J'aime dormir en sous-vêtements, et m'enrouler dans une grosse couverture avec une tasse de chocolat quand il fait froid. Je suis une fana de sous-vêtements, c'est mon péché mignon... la dentelle, le satin, la soie, le coton doux. J'adore.
Grounchmiammmmhh ★ Je suis végétarienne, et militante pour le bien-être des animaux. Je suis contre l'hypophagie, ou toute autre forme de barbarie impliquant la mort des animaux pour le plaisir des humains, qui peuvent parfaitement se passer de viande. J'ai un faible pour le beurre de cacahuètes, et pour les milk-shake à la banane. Vous me ferez fondre avec une tarte aux prunes, également. Et plein d'autres petits plaisirs de la sorte. Gourmande, mais pas goinfre pour autant. Je mange très peu. Les récents évènements m'ont coupé l'appétit.
Répondre aux questions
Si tu devrais choisir un être ...
♣ Une Cacahouette ou une Pistache ? Cacahuette !
♣ Un Portable ou une Lettre ? Une lettre
♣ Une Saucisse ou un Pâté ? Euh... ni l'un ni l'autre.
♣ Un Crabe ou une Crevette ? Une crevette.
♣ Une Voiture ou une moto ? Une voiture.
♣ Une Viande ou une salade ? Une salade.
♣ Friends ou How i met your mother ? Friends !
♣ Noel ou la st valentin ? Noël. Aux chiottes la St-Val' !
♣ Britney Spears ou Madonna ? Madonna.
♣ Un bonbon ou un chewing-gum? Un bonbon. Ca fait quand même moins vache.
Ton histoire Chapitre 1 ♕ « Set fire to the rain » « Dégage de là, Barbara, tu me gonfles putain ! » je crie à travers la chambre. Mon nouveau langage d'ado est loin de plaire à ma mère, qui se manifeste en me hurlant de surveiller mon langage depuis en bas. Je grogne, et adresse un doigt d'honneur que je suis la seule à voir à l'escalier. J'ai quinze ans, et je suis en pleine crise d'ado. Laissez-moi rire, rien de très grave, juste une mini-rébellion qui m'amuse plus qu'autre chose. Me prendre la tête, j'aime ça. Surtout quand ma sœur est dans les parages. J'ai l'impression que cela nous rapproche, que notre complicité n'en est que renforcée. « Ta gueule minette. Ce soir, est le grand soir, tu vas pas commencer à me souler. » Je la regarde d'un air mauvais avant de me diriger vers la penderie. Nous avons chacune la notre, plutôt bien garnie, et la plus différente possible. Étant jumelles, notre seule façon de nous distinguer est notre style vestimentaire. Barbara a toujours été adepte des petites robes et des jolis hauts à dentelle, faisant dans la finesse et la féminité. Moi, de mon côté, n'ai jamais été fan de ce genre de démonstration. Plutôt grande gueule, je n'ai jamais jugé utile de me montrer à force de grands décolletés et autres futilités du genre. Je la jaugeai en sous-vêtements, les cheveux lâchés et bouclés, enfiler sa jolie robe de bal pour celui qu'organisait le lycée. Je poussai un soupir. Si j'avais pu, j'y serais allée avec un jean trop grand et un sweat. Mais non, le mot bal ne s'accordait pas avec ça. « Je prends ta robe bleue. » Elle grommela, et je pris cela comme un assentiment. Le jaune pâle de sa robe s'accordait parfaitement avec ses cheveux blonds. Elle s'étala du rouge à lèvres rose sur la bouche, geste que je commentai d'un « Petite catin » fort charmant. Elle rit, et me regarda d'un air malicieux mettre une petite chose en satin bleu roi. « Wahou, je ne savais pas que tu étais une fille. » Je lui tirai la langue, puis m'attachai grossièrement les cheveux en un chignon fou. Il ne fallait pas non plus exagérer. « Alors, on est parties ? Tu ne veux pas de rouge ? Tu ne mets pas de mascara ? Et le parfum ? » « Lâche-moi, bon sang. » Elle haussa les épaules, puis me balança une paire d'escarpins qu'elle m'obligea à mettre avant de sortir de la maison. Barbara était toute excitée, persuadée qu'elle allait trouver le grand amour ce soir. Je riais intérieurement. « Mon dieu mon dieu ! Tu as vu ce mec, Ted ? » Je grogne, peinant à garder les yeux ouverts. Je galère à enlever ma robe, mais ma sœur est trop occupée à tourner en rond pour venir m'aider, toute excitée par sa soirée. J'étouffe un bâillement tandis qu'elle continue de brailler, surchauffée par l'alcool qu'elle a ingéré au nez et à la barbe des profs durant toute la soirée. Je me défais de ma robe, la laisse glisser à terre et plonge en sous-vêtements sous les couvertures. Ah, que c'est bon de sentir la fraicheur des draps après une soirée aussi longue qu'ennuyeuse ! Je ferme les yeux, priant pour qu'elle cesse son braillement de gamine avant que je ne m'énerve. Je suis crevée, et j'ai le don de partir au quart de tour quand je suis en manque de fatigue. Pourtant elle ne se calme pas, continue de me parler à tord et à travers de tel ou tel garçon qui l'a tripotée pendant la soirée. Je soupire, m'oblige à garder un calme olympien. Je ne bronche même pas quand elle se jette sur son lit en faisant grincer les lattes. Oui, ça va, j'ai compris, elle a rencontré l'amour de sa vie...Chapitre 2 ♕ « Set the fire to the third bar » Vous allez rire, mais l'amour de sa vie, elle l'a vraiment rencontré à cette soirée, ce bal du lycée. Je n'y ai jamais cru, jusqu'à ce que je les vois ensembles, quelques années plus tard, et qu'elle me dise : « Ted, nous sommes fiancés. » Les joues rouges d'excitation, les yeux brillants de joie. Elle était heureuse, et je l'étais également. Et je le suis toujours. J'ai dix-neuf ans, je rayonne. Je suis loin d'avoir la bague au doigt, mais mon dernier copain en date semble être le bon. Une relation destructrice, qu'aucun de nous deux n'apprécie, et pourtant, nous avons bien essayé de vivre l'un sans l'autre, cela menant toujours à la même conclusion : nous en étions incapables. Alors, je me contente de cela, observant de loin la relation calme et posée de Barbara et du dénommé Oakley. Un type bien, vraisemblablement, qui prend soin de ma sœur et qui comble notre cœur commun de joie. Je lui suis redevable rien que du fait qu'il l'aime suffisamment pour supporter son bavardage incessant. Pour ma part, le silence dans lequel je vis loin de ma jumelle est parfois trop lourd. J'ai besoin d'être avec elle, mais nous devons mener nos vies, désormais. Alors j'ai pris un appartement, que j'envisage prochainement de partager avec mon amant, et elle le sien, qu'elle partage déjà avec son fiancé. J'envie leur bonheur, le mien n'a rien à voir avec le leur. Je prends le café posé devant moi, regarde ailleurs quand Barbara échange un baiser avec Oakley. Nous nous trouvons dans un petit salon de thé librairie qui ne manque pas de charme. Dehors, une pluie typiquement irlandaise frappe les carreaux et assombrit le ciel. Je replie les genoux sur le fauteuil sur lequel je suis assise, resserrant les bras autour de moi. Je porte un gros pull en laine et un pantalon près du corps qui dévoile ma minceur, maigreur que ma sœur me reproche sans cesse. Je ne mange plus tellement, perdant un peu des formes que j'ai pu gagner à la puberté. A l'inverse de Barbara, qui elle, respire la santé. C'est Oakley qui doit être content... Je reporte mon attention sur eux lorsqu'elle m'adresse la parole. « Ted, tu voudras être mon témoin, dis ? » Je souris, ravie de la voir enchantée de la sorte. « Bien sûr. » Le sourire qu'elle m'adresse comble mon cœur d'amour pour cette moitié de moi-même. Je lance un regard à Oakley, lui souris également. Oui, un type bien, vraiment.« Teddie, je vais faire des courses pendant que Oakley va bosser. Je m'ennuie, tu viens ? » Je soupire au téléphone. Je suis en plein travail, tachée de la tête aux pieds de peinture noire et rouge, un pinceau dégoulinant à la main. « Je peins, là, Barbara... » « Oh allez, il peut attendre ton gribouiboui. Viens avec moi, ça fait longtemps ! » Nouveau soupir, je pose le gros pinceau pour passer ma main dans mes cheveux. Je ne suis vraiment pas présentable pour sortir... « Bon. Et aller ou ? » « Si on allait au marché de Galway ? » Son ton tout excité me fait sourire. Barbara a toujours adoré aller à ce stupide marché. [color=#fa3e92]« D'accord, si t'insiste. Dans une demi-heure là-bas ? » « Merci Ted. Je te rejoins tout à l'heure dans ce cas ! » Sans me laisser le temps de lui dire autre chose, elle raccroche, pressée de se rendre au lieu de rendez-vous. C'est vrai que ça fait quelques jours que nous ne nous sommes pas vues, et la perspective de la voir m'emplit de bonheur. Je retire ma salopette en jean, file enfiler un leggins aux motifs colorés et une espèce de tunique pull qui couvre à peine mes fesses. Peu importe, je vais voir Barbara, c'est tout ce qui compte. Un coup de brosse, je me débarbouille du mieux que je peux, laissant tomber les traces de peinture partout sur mes bras. Je prends mon sac, sors mon téléphone tout en fermant mon appartement à clef. Je compose le numéro de Jason, colle l'appareil à mon oreille tout en dévalant la rue à toute allure. J'allais être en retard. « Ja' ? Je vais au marché avec Barbara. Je ne serais sans doute pas là quand tu rentreras... » « Oh, Ted, putain. Ca fait deux semaines... » « Je sais, je sais. Je suis désolée. » Il soupire, et consent à ne pas me voir encore aujourd'hui. Il apprécie moyennement le fait que je fasse passer ma sœur avant tout le reste. Je raccroche, contrariée. Je m'étais féminisée un peu, depuis le lycée. J'adoptais peu à peu les talons hauts, les tenues de femme. Mais ceux que je portais m'agaçaient terriblement, je n'arrivais pas à courir à l'allure que j'aurais voulu. Pourtant, j'arrive à l'heure. Je ralentis la cadence, cherchant du regard un visage semblable au mien. Je suis essoufflée, mais heureuse. Je veux la revoir. Et là voilà enfin. Mon sourire éclaire tout mon visage, reflet exact de celui qui étire ses lèvres rouges. Nous nous prenons dans les bras, heureuses de nous retrouver. Elle rit, passe un doigt sur ma joue. « Tu as de la peinture. » « Ah, merde , tant pis. » Elle sourit, me prend la main et m'entraine vers un stand de fruits. Elle se tourne vers moi et s'apprête à dire quelque chose quand un premier coup de feu retentit.Chapitre 3 ♕ « I can't move, I need help... » Nous nous figeons, puis je me baisse, et tente d'insuffler le même réflexe à Barbara, qui dans une réaction stupide, se retourne pour voir d'où vient le coup. Deux ou trois suivent le premier, des cris commencent à retentir dans la rue. Je suis pétrifiée, le film avance au ralenti. Je ne comprends pas. Je la vois se tourner vers moi d'un air horrifié, me crier quelque chose, quand je le vois arriver, un homme à l'aspect tout à fait banal, contrastant avec le glock dernier cri qu'il tient dans sa main droite. C'est fou comme le danger avive la précision des évènements. Je me souviens de chaque détail, chaque geste qu'il a amorcé, chaque expression qui a défilé sur le visage de Barbara. Je me redresse vivement, hurle quand je le vois lever son arme vers ma sœur. Il ne me regarde pas, il la regarde elle, avec un air impassible. C'est elle qu'il veut, ce que je ne comprends pas. « Barbara ! » Elle reste figée, choquée de ce geste, de cette agressivité à son égard. La douce Barbara, il est temps de se réveiller. Pourtant elle ne bouge pas, jusqu'à ce que la balle percute son thorax. Je hurle avant de la voir tomber. Le bruit est assourdissant, et je la vois s'écrouler au sol. Soudain, tout s'accélère. Je la vois s'écrouler au sol, le visage douloureux, choqué. Je m'agenouille à ses côtés, posant ma main à l'endroit exact où la balle est entrée. Mon geste n'arrête pourtant pas le flot de sang, et je crie à quelqu'un d'appeler une ambulance. On s'exécute, je pleure, cherchant à capter son regard fuyant. Elle s'en va, je le sens, ma douleur accompagne son départ. La détresse m'assaille de toute part. Que faire, que dire ? Je n'ai rien à faire sinon compresser la blessure, limiter le dégats et prier pour que Dieu ne veuille pas d'elle. Pas encore, elle est trop jeune, elle a un avenir brillant, un fiancé qui l'aime, une jumelle qui ne peut se passer d'elle... J'adresse toutes mes prières au grand barbu du ciel, lui donnant un tas de bonnes raisons de la laisser en vie. Je garde espoir jusqu'à l'arrivée à l'hopital. Je suis couverte de sang, mon visage est baigné de larmes. Je pleure autant qu'il m'est donné de le faire, sans jamais quitter son visage du regard, sans jamais cesser de lui parler, pour la retenir, la garder encore un petit peu avec moi. Je refuse qu'elle parte. On me retire d'elle, on la prend en charge. On me laisse seule dans une salle à l'entrée d'une salle où je vois des gens en blouse blanche brancher un tas de tuyaux à son corps. Mon corps tremble, je suis de toute âme avec elle. Le voilà qui arrive, l'homme de sa vie, celui qu'elle devait épouser. Les bips de son cœur s'accélèrent, les gens s'activent dans la salle. C'est la panique, elle s'en va. Et c'en est trop pour moi. Je m'effondre contre le mur, tapissant le sol du sang dont je suis couverte. Oakley est là, il ne me regarde pas. Il n'a d'yeux que pour elle. Il pleure, tout comme moi, qui ne m’embarrasse pas du bruit que je peux faire. Il entre dans la salle, là où retentit un bruit continu, se traduisant sur une ligne fixe et droite sur le tableau qui surveille les battements de son cœur. Il est arrivé trop tard. Elle est partie, elle n'est plus. Je suis seule. Seule avec ma douleur.« Teddie, comment c'est arrivé, je t'en supplie dis-moi... Teddie... » j'aurais aimé répondre, lui donner les explications, la description frappante de cette inconnue qui l'a tuée. Mais j'en suis incapable. Je fixe le vide, les genoux repliés contre ma poitrine comme si cela pouvait contenir la douleur. Je suis vidée, épuisée. Incapable du moindre geste. Je ne vois même pas son visage, je ne vois que l'image du visage pâle de ma sœur dans ses derniers instants. Je suis toujours assise au même endroit. On a emmené Barbara, elle n'est plus qu'un cadavre bon pour la morgue. Mes glandes lacrymales ont trop pleuré, je n'ai plus de larmes à verser pour elle. Juste mon immense désespoir à lui dédier. « Teddie, parle-moi, je t'en supplie. » « Appelle Jared. » Une voix pâteuse, mais une voix quand même. Oui, j'ai besoin de Jared, j'ai besoin de lui. Je veux Jared. Je me remets à pleurer comme une idiote. « Appelle Jared... Appelle Jared ! » Face à mes larmes, Oakley s'exécute, compose le numéro de mon amour pour moi, puis me tend le combiné et s'éloigne de moi, abattu. « Jared ? Réponds je t'en supplie. Réponds. Jared. » « Ted ? Écoutes je suis occupé là... » « Jared... » Je fonds en larmes, brisée d'entendre sa voix. Il bosse, je le sais, mais j'ai énormément besoin de lui. « Teddie ? Ca va ? » « Non, viens s'il te plait. Je suis à l’hôpital... Barbara... Elle est... » « J'arrive mon cœur. » Voilà pourquoi je l'aime. Parce qu'il est toujours prêt à tout pour moi, malgré tout le mal qu'on se fait mutuellement. Il raccroche, et je demeure seule le temps qu'il arrive, perdue entre deux eaux, incapable de me mouvoir de quelque façon que ce soit. Après un moment qui me paraît être une éternité, il arrive enfin, tente de me lever mais renonce quand je secoue la tête en signe de dénégation. Je ne peux pas me lever, je ne peux rien faire sinon pleurer. Il s'assoit à côté de moi, me prend dans ses bras en murmurant des mots rassurants à mon oreille. Il est si beau, si parfait. Dieu que je l'aime. Mais il ne remplacera jamais Barbara, rien ni personne ne la remplacera jamais. Et cela me tue. Ses bras autour de mes épaules, ma tête posé dans le creux de son cou, tout cela réuni ouvre de nouveau les vannes, et je me remets à pleurer. Mais cette fois, il est là avec moi. Pour moi.Chapitre 4 ♕ « I will survive. » Trois ans. Trois ans que c'est arrivé. Je n'aime pas me rappeler de ce qu'a été ma vie. J'ai déménagé chez Jared, j'ai tout quitté. J'ai laissé tomber mes beaux plans d'étude ou tout ce merdier pas possible pour prendre un emploi dans ce fameux café où Barbara et Oakley m'avaient annoncé leurs fiançailles. Un endroit paisible, où je prends le temps d'écrire, de lire. J'aime cet endroit. « Ted ? » appelle mon chéri depuis l'entrée. Je relève le nez de mon livre, assise sur le canapé du salon de chez Jared. Je suis toujours avec lui, nous nous sommes quittés et remise ensembles à maintes reprises. Je sens qu'il ne reste avec moi que parce qu'il a peur que je sombre. A vrai dire, j'ai peur aussi. Mais aujourd'hui est un grand jour, et la nouvelle que j'ai a lui annoncer devrait nous ressouder comme nous l'avons été par le passé. Je le regarde jeter son manteau sur le lit, poser sa sacoche d'étudiant à côté de la porte. Je souris, mon cœur se mettant à battre à tout rompre tant par le simple fait de sa présence que par l'appréhension de sa réaction. Ce que j'ai a lui dire n'est pas une nouvelle anodine. Il sourit en retour, se penche au dessus de moi pour m'embrasser. Mon cœur s'emballe de nouveau, et cette fois c'est sa seule et unique faute. Ça ne me dérange pas. Il s'assoit à côté de moi, pousse un soupir de fatigue. Bien, il semble être de plutôt bonne humeur. « Ta journée s'est bien passée ? » « Mmmh. » D'accord. « Jared ? » « Mmmh ? » Je souris. Je referme mon livre, et le pose à côté de moi. Je lui prends les mains, le forçant à me regarder. Il fronce les sourcils, curieux. « Qu'est-ce qu'il y a ? » « Oh, rien de grave. C'est juste que... » « Quoi ? » Je marque une pause, prends une grande inspiration et lâche le paquet. « Je suis enceinte. » Je n'aurais jamais cru possible de voir une telle expression se peindre sur son visage. « Tu... Quoi ? » Je fronçai les sourcils. « C'est pas vrai. » Il dégagea ses mains des miennes. Ce geste fut le signal d'alarme, je sus que quelque chose clochait. Ma gorge se serra. Un peu plus et j'allais devoir filer aux toilettes pour rendre mon dernier repas. « Qu'est-ce qu'il y a ? Je croyais que tu serais content. Je croyais qu'on serait comme avant quand je te l'annoncerais. » « Je le suis. C'est juste que... Il y a... » Je me lève d'un bond quand je comprends. Cet imbécile infidèle a encore recommencé. « C'est pas vrai ! Tu t'es encore dégotée une nana ? Putain, mais merde ! Je croyais que tu avais arrêté ! Tu m'avais promis ! » Il passe sa main sur son visage, se lève à son tour. « Je n'ai pas recommencé. Je te jure que j'ai arrêté, je ne vois personne. C'est juste que... Ted, tu vas le garder ? » Je reste coite, interloquée par sa question. Evidemment que je vais le garder, petit con ! Que croit-il ! « Oui ! » « Mais, on a vingt-deux ans tout juste, tu n'es que serveuse et je baigne dans mes études de médecines, je ne peux pas... » « Tu n'en veux pas. » Simple constatation. « Je pense que c'est un peu précipité, oui. » Bon sang. Si je ne m'étais jamais sentie trahie auparavant, cette fois-ci fut rude à avaler. Je me détourne, et tourne les talons pour finir par m'enfermer dans la chambre. Cette nuit-là, il dormira sur le canapé. J'ai décidé de le garder, définitivement. Et cela l'a mis en rage. Il m'a quittée. Je me sens si impuissante, je pleure tout le temps, revivant une deuxième fois la mort de Barbara. Son absence est horrible, j'aurais tant besoin d'elle à cet instant. Je suis seule, assise à une table après la fermeture du salon de thé librairie. Les larmes roulent encore sur mes joues tandis que je regarde dehors, les mains crispées sur mon bas ventre. J'ai une drôle de sensation de douleur, comme annonciatrice de règles. Or, c'est impossible. Je prends peur, je psychote. Je me lève et court chercher la patronne du salon de thé, et également une amie. Une amie précieuse en qui j'ai toujours pu avoir confiance. Le mauvais pressentiment s'intensifie, et soudain se confirme, avant que je n'atteigne l'escalier menant à elle. Un hurlement transperce l'air lorsqu'un liquide rouge se met à couler le long de mes cuisses. Des bruits et des appels de l'étage supérieurs m'apprennent que Leah m'a entendue. Elle dévale l'escalier, court à ma rescousse et pile net devant le spectacle sanglant que j'offre. « Mais qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu as fait ? » « Mais rien, j'ai rien fait... » Elle me prend la main, m'emmène dans les toilettes. « Tu aurais pu penser à tes règles, quand même. » « Mais je suis enceinte... » Elle lève les yeux, l'horreur se peint sur son visage. « Depuis combien de temps ? » « Euh... Deux mois je dirais. » Elle soupire, puis lâche : « Tu fais une fausse couche dans ce cas. » Et voilà, j'avais perdu le bébé. Juste comme ça, par trois gouttes de sang.Chapitre 5 ♕ « Nobody knows how the end will come » Un froissement de draps, un homme qui se retourne et vient s'encastrer derrière moi, passant ses bras autour de ma taille, enfouissant son visage dans mon cou. Il soupire. « Qu'est-ce qui ne va pas, ma puce... » Je renifle, laisse dégouliner les larmes le long de mon visage. Clay est adorable. L'homme parfait, gentil, attentionné, avec toujours cette part de mystère digne de vous faire frissonner. Pourtant il ne sait rien de moi. Je ne parviens pas à lui parler, à lui dire ce qui me pèse tant, ce qui déclenche mes fréquentes crises de larmes et de dépression. Il n'écoute, ne voit pas, et pourtant nous sommes ensembles depuis deux mois. « Elle me manque. » Je le sens s'agiter, ses mains remonter jusqu'à ma poitrine pour faire diversion. « Qui ça ? » « Ma sœur. » J'en pleure d'avantage, plongée dans un chagrin sans dons. Cela fait cinq ans qu'elle est morte. Oui, déjà cinq ans. Ma psy ne dit rien quand je lui demande si c'est normal que cela fasse toujours aussi mal, que je n'arrive plus à vivre. Elle me répond sans cesse que la perte de mon enfant et de Jared y est pour quelque chose, mais je n'en crois pas un mot. Je suis sûre qu'elle même pense que je suis complètement frappée. Clayton se figea. « Quelle sœur, Ted ? » Je me retourne, lui faisant face, essuyant mes larmes. « J'avais une sœur, Clay. Une jumelle. Elle a été assassinée il y a cinq ans, dans un marché. J'ai eu un autre homme dans ma vie également. Jared, avec qui je suis restée presque trois ans... Qui m'a laissée tomber quand je lui ai annoncé que j'étais enceinte. » Je marque une pause, ferme les yeux, malgré que la lune n'éclaire pas grand chose dans la chambre. Clay se tait, me laisse reprendre mon souffle. Je sens que j'ai tout son attention, malgré que je l'ai réveillé avec mes pleurs. « J'ai perdu l'enfant... Une fausse couche à deux mois et quelques. » Je rouvre les yeux. Il me fixe, les lèvres entrouvertes, choqué par mes révélations. « Tu ne me connais pas, Clay. C'est ça, le problème. Le fait que je n'arrive pas avec toi, que j'ai sans cesse envie de m'enfuir, ça vient de là. Que j'ai l'impression de vivre sans cesse dans le passé avant d'émerger dans le présent sans savoir où je suis exactement. Ma vie est un enfer, et j'aimerais que tu le comprennes mais tu ne le peux pas. Parce que je suis morte de l'intérieur, tu comprends ? » La fin de mes paroles se noie dans mes sanglots douloureux. Il réagit comme il faut, me prenant dans ses bras, me berçant sans un mot jusqu'à je succombe à la fatigue, réfugiée contre son corps. Le lendemain matin, une crainte viscérale de la solitude me cloue au lit. Pourtant il est toujours là. Ma crise de la nuit dernière ne l'a pas fait fuir, et c'est déjà une bonne chose. Je me redresse, enfile la première chemise qui me tombe sous la main. Je l'enfile, attrape un slip dans le tiroir et saute dedans tout en me dandinant jusqu'à la cuisine. Il me jauge, me sourit. Je m'assois en lui rendant son sourire, empoignant le café qu'il me tend. Nous n'échangeons pas un mot pendant de longues minutes. Je me décide à lever les yeux vers lui, et à ouvrir la bouche. « Je suis désolée. Pour cette nuit. » Il soupire, vient s'assoir face à moi. « Je ne t'en veux pas. Au contraire. » Je suis surprise, et heureuse à la fois. Il poursuit, d'un ton léger. « Si tu as d'autres révélations du genre à me faire, surtout n'hésite pas, je suis toute ouïe mon ange. » Je ris, puis me penche par dessus la table pour l'embrasser. Clay est peut-être celui qu'il me faut en définitive... Je l'ai pensé pendant près d'un an. Jusqu'à ce mois d'avril se révèle trop lourd de sens. C'était l'anniversaire de la mort de Barbara. La blessure me tue, m'assassine un peu plus de l'intérieur. Je ne peux plus respirer. Clay est endormi sur le lit, vêtu uniquement du drap. Les deux mains sous l'oreiller, ses joues encore piquantes, il est adorable, et je crois bien que je l'aime. Un amour profond, mais bridé par mes peurs. Parce que je demeure seule, malgré tous ses efforts. J'ai besoin de lui, mais en même temps, son amour m'étouffe. Alors je m'en vais. Je boucle ma dernière valise, puis m'en vais. Je sais où je vais : rejoindre Oakley, le seul qui puisse réellement comprendre et me soutenir dans tout ce bordel, s'il a aimé Barbara un temps soit peu. Or, je suis sûre que ça a été le cas. Je m'en vais le rejoindre. Quitter Clay de cette façon me fais me sentir vile et affreuse, mais je sais qu'il ne me laissera jamais partir si je ne m'en vais pas comme une voleuse. J'ai laissé mon parfum, ma brosse à dent, quelques t-shirts et un mot où je lui explique à quel point je suis désolée, à quel point je l'aime, et surtout, surtout, comme je regrette. En bonne fontaine que je suis devenue, je pleure une dernière fois en fermant la porte, me laissant aller à mon chagrin tout neuf pour me rendre à Long Beach, dont les collègues d'Oakley m'ont parlé. Il doit s'y trouver. S'il n'y est pas, je poursuivrais mes recherches. Parce que j'ai diablement besoin de lui.
Dernière édition par Teddie Sullivan le 14.06.11 12:01, édité 3 fois