« L'enfance c'est de croire qu'avec le sapin de Noël et trois flocons de neige toute la terre est changée » André Laurendeau

La vie est injuste... Oui, alors que certains naissent dans des conditions terribles, d'autres sont nourris avec des cuillères en or dès leur plus tendre enfance. Et c'est mon cas. Oui, je peux dire que je suis une "princesse du 21ème siècle". Ma famille a toujours été l'une des plus riches de New York, ma ville natale. J'y ai vécu les 6 premières années de ma ville avant de partir étudier en Angleterre, à Yorkshire. Bien entendu, j'y retournais tous les étés, mais je crois que je considère les Royaumes-Unis comme mon véritable pays. J'aurai peut-être dû y rester au lieu de venir ici mais... Non, c'était une bonne chose pour moi, que de recommencer du tout début dans un endroit où personne ne me connait.

« Maman? Tu pars encore? Je ne veux pas, reste avec moi! » « Ne sois donc pas égoïste Aleandra! Il faut que je travaille pour t'offrir des cadeaux! Allez va voir Agnes, elle s'occupera de toi! » « Mais maman... » « Va-t-en je te dis, ne reste pas dans mes pattes! »
Ma petite enfance? Je ne me souviens pas de tout en fait. Mais ce dont je me rappelle parfaitement bien, c'est sans doute le fait que je ne voyais jamais mes parents. Oui, c'était ma gouvernance qui m'élevait. Elle était celle que je considérais comme une vraie mère. Celle qui m'avait donné naissance... Je ne la connaissais pas vraiment. Bien sûr, j'avais des photos d'elle mais... c'était tout ce que j'avais. Elle était une riche mannequin italienne et passait son temps à voyager. Mon père, lui, était un businessman, l'un des meilleurs dans son domaine, considéré comme le plus dur et le plus sévère. Tous deux passaient leur temps à l'étranger, ne se souciant que de leur travail. Parfois, je me demandais même s'ils se rendaient compte qu'une petite fille attendait leur retour, encore et encore. Mais non, ils n'étaient jamais là, du moins, jamais pour mes anniversaires. Ils se contentaient juste de m'envoyer un cadeau d'une valeur exorbitante...

Qui a dit que la vie d'une riche était parfaite? Loin de là... J'aurais même préféré naître pauvre mais avoir une famille qui m'aime au lieu d'avoir tout ce que je veux, sauf des parents présents.

« Oh arrête de me mentir, je sais très bien que tu passes toutes tes nuits avec cette traînée qui te sert de secrétaire! » « Mais tu es complètement folle, ma parole! Meredith a un petit ami je te rappelle! » « Toujours cette même excuse! Je ne l'ai jamais vu pourtant! » « Parce que tu crois que j'accepterai de la voir fricoter avec son homme durant nos réunions peut-être! » « Tu sais très bien ce que je voulais dire! » « Maman, papa... Arrêtez de vous disputer... » « Ne te mêle pas de nos affaires et va dormir Aleandra! Ta fille est vraiment comme toi, Rosanni! Toujours à fourrer son nez partout. » « Notre fille Ryan, ce n'est pas que la mienne, mais bien la notre! » « Vraiment? Permets-moi d'en douter! » « Comment oses-tu?! »

Oui, mes parents se disputaient dès qu'ils se voyaient. Maman soupçonnais papa de la tromper et lui... Lui il la soupçonnait tout simplement de ne pas être mon vrai père. Et pourtant, personne ne pouvait nier notre ressemblance. J'avais ses yeux et sa prestance, ainsi que son caractère hautain et dur. Alors, comment pouvait-il penser que j'étais la fille d'une autre? Jamais je ne l'ai compris... Ainsi, jusqu'à mes 6 ans, j'ai vécu dans ce penthouse seule en compagnie d'Agnes, ma gouvernante. Parfois mes parents revenaient et c'est durant les repas silencieux que j'espérais qu'ils partent à nouveau, le plus vite possible...

« La plus grande souffrance est de se sentir seul, sans amour, abandonné de tous. » Mère Teresa

« Aleandra! » « Papa? Tu voulais me parler? » « Tu as déjà 6 ans n'est-ce pas? Il est temps pour toi d'apprendre tout ce que l’héritière de la famille William doit savoir. Demain, tu partiras pour l'Angleterre. » « Quoi?! Papa, non, je ne veux pas! Pourquoi?! » « Tais-toi un peu! Je disais donc que tu iras dans ce pensionnat. Toutes les filles de la famille ont fait leurs études là-bas. » « Mais, je ne veux pas quitter New York! » « Fais ce que je te dis! »

Le lendemain, j'ai quitté New York où j'ai passé les 6 premières années de ma vie. Sur le coup, je me suis sentie encore plus abandonnée que je ne l'étais déjà. Je savais que je ne verrais plus mes parents avant les vacances prochaines et malgré ce que je pouvais penser d'eux, ils restaient mes parents et... J'ai pleuré dans l'avion, toutes les larmes de mon corps. Heureusement que j'étais seule dans la première classe... Ainsi, ils avaient décidé de m'abandonner totalement en m'envoyant à des milliers de kilomètres d'eux... Mais avec du recul, je dois avouer qu'ils ont fait le bon choix. Grâce à eux, j'ai fait la connaissance de gens merveilleux. D'ailleurs, dès le premier jour, je m'étais faite une amie.

« Bonjour, moi c'est Liziabeth! Et toi? » « Aleandra... » « C'est joli! Tu es américaine ou italienne? » « Les deux... » « Ouah! C'est cool! J'aimerai trop y aller un jour, aux US et en Italie! » « Si tu veux, tu pourras venir chez moi pendant les vacances! » « C'est vrai?! Oh merci Ali! Je peux t'appeler comme ça? » « Si je peux t'appeler Lizie! »

Lizie devint ma meilleure amie, celle avec qui je faisais les 400 coups, celle qui connaissait tout de ma vie. Nous étions tout simplement inséparables. Rien ne pouvait gâcher notre amitié. Nous avons grandi ensemble en partageant tout, à commencer par notre chambre, puis nos vêtements et même nos petits copains! De toute façon, ça ne gênait aucune de nous, sauf quand nous ne voulions vraiment pas partager. Certes, nous nous disputions souvent mais bon, je ne pouvais lui faire la gueule pendant plus de 3 jours. Et pourtant, toute bonne chose a une fin. Qui aurait cru qu'une si belle amitié qui a duré plus de 10 ans, pouvait se rompre en un clin d'oeil et à cause d'un garçon en plus!

J'avais 16 ans quand je l'ai rencontrée. Lui, il en avait déjà 19 et était étudiant en première année à Cambridge. Je ne le savais pas encore. Je me souviens encore du premier jour où je l'ai rencontré. C'était à un bar, un vendredi soir. Avec Lizie, nous étions sorties en cachette, sachant très bien que le couvre feu avait déjà été annoncé. Comme bien souvent, nous avions rendez-vous avec des amis à l'extérieur. La soirée avait déjà pas mal débuté quand il est arrivé. « Hey Jayden, t'es en retard! » « Ouais je sais. » Jayden qu'il s'appelait... Toute la soirée, j'ai essayé de capter son regard mais rien. Il ne m'a même pas adressé la parole! J'étais tellement frustrée que je suis partie avant la fin, sous son regard surpris.

« Non mais t'as vu ce gars! » « Qui ça? Jayden? Ouais, c'est un canon... » « Il ne m'a même pas adressé un regard, même pas un sourire! Et pourtant, j'étais juste en face de lui! Non mais c'était quoi son problème?! » « Calme-toi Ali, c'est qu'un gars, tu le reverras sans doute jamais de toute façon... » « J'espère bien! » Mais je me mentais à moi-même. Depuis ce jour, il hantait mes esprits. Jamais un gars ne m'avait parut aussi indifférent que lui. Je me suis mise à le détester tout en espérant le revoir. Mais qu'aurai-je pu lui dire? Je ne sais pas... En tout cas, tout ce que je sais c'est que je voulais le revoir mais aucun moyen... Jusqu'au remariage de ma mère...

« Un serment, c'est comme un baiser, on ne peut pas le rappeler. » Daniel Picouly

« Comment ça tu vas te remarier? Mais, je n'étais même pas au courant que toi et papa étiez divorcés! » « Mon dieu Aleandra, tu n'es vraiment jamais au courant de rien! Enfin soit, j'ai déjà réservé tes billets d'avion. Tu pars demain! » « Quoi? Aussi tôt?! » « Comment ça aussi tôt? Mon mariage est dans une semaine et il faut encore que tu essaies ta robe de demoiselle d'honneur! » « Mais je n'aurai pas le temps de demander à un de mes amis de m'accompagner! » « Ne t'inquiète pas, j'ai déjà tout prévu. Le fils de mon fiancé sera ton escorte. »

Toujours prévenue à la dernière minute. Il semblerait que mes parents aient divorcé quelques mois auparavant et déjà, ma mère s'était trouvée un nouveau mari. Finalement, je crois qu'elle avait été celle qui trompait... Mais j'appris bien vite que mon père avait déménagé chez cette Meredith, sa secrétaire. Finalement, ils se trompaient tous les deux... Quel bel exemple de famille unie! Des conjoints qui se trompaient mutuellement et qui envoyaient leur fille dans un pays étranger dès ses 6 ans... Merveilleux! Et maintenant, à l'âge de 18 ans, il fallait qu'elle retourne aux Etats-Unis pour assister au mariage de sa mère.

« Aleandra, je te présente Jayden Fawkes, le fils de mon futur époux. » « Bonjour. Alors, c'est toi ma nouvelle soeur? » Non mais c'est une blague?! C'est lui, mon escort?! Et dire que pendant 2 ans, j'ai rêvé de le revoir! Sur le coup, je devais avoir l'air bien idiote, avec ma bouche ouverte. D'ailleurs, à en voir son sourire amusé, ma tête devait vraiment être belle à voir. « Aleandra, ne t'ai-je donc pas appris la politesse? » Et j'ai failli lui rétorquer que non, vu qu'elle m'avait abandonné dans cette école alors que je n'avais que 6 ans, sans compter ses absences avant... Mais au lieu de ça... « Enchantée Jayden, je suis Aleandra. » En plus de ça, il ne m'avait même pas reconnu... Enfin, c'est ce que je croyais.

Le mariage s'était déroulé sans encombre. Ennuyant à souhait et toutes ces personnes qui versaient de fausses larmes de joie... Juste répugnant. Alors que je regardais ma mère danser avec son nouveau mari, Jayden vint me parler. « Qui aurait cru que nous nous rencontrerions à nouveau, au mariage de nos parents qui plus est?! » « Ah tiens, je croyais que tu m'avais oublié! » « Comment oublier de tels yeux... Tu danses? » Et avant même d'avoir pu lui donner ma réponse, Jayden m'entraîna sur la piste. « Tu sais que j'ai longuement espéré te revoir? » « Pas de ça avec moi, qu'est-ce que tu veux?! » « Oh, tu me brises le coeur! Je ne veux rien voyons, simplement te connaître un peu plus, c'est tout! » « Et bien, maintenant qu'on est frère et soeur, tu auras tout le loisir de me connaître! » « Surtout que maintenant, on va habiter ensemble... Enfin, ces quelques jours quoi. » « Justement, c'est dommage, mais je pars déjà demain. » « Aussi tôt?! Et moi qui espérais te demander de me faire visiter NY. » « Je suis sûre qu'on aura d'autres occasions! » Et je le lâchais pour retourner à ma table. Je ne lui ai plus adressé un seul mot de la soirée. Et comme je le lui avais dit, le lendemain, je retournais en Angleterre.

« L'amour naît-il de ce qu'il y a là quelque chose d'impossible ? L'amour est-il ce qu'on n'embrasse jamais que du regard ? » Camille Laurens

« Oh mais quel plaisir de te voir, chère soeur! C'est donc toi, ma nouvelle voisine?! » C'est à croire que le destin s'acharnait sur nous... En plus de se retrouver avec le même nom (parce que oui, ma mère avait rajouté celui de son mari devant le mien... ce qui donnait Fawkes-William), on se retrouvait dans le même immeuble d'appartement, le mien se trouvant juste en face du sien. « Oh oui, je suis vraiment contente... » Ça se voyait avec mon sourire forcé. « Ça t'amuse donc vraiment de me briser le coeur?! » « Tu n'es donc pas au courant? C'est mon jeu préféré! » Et je rentrais dans mon nouvel appartement. Quelle poisse quand même...

« Ah ben ça alors, le destin s'acharne vraiment à nous mettre ensemble, chère soeur! En plus d'être voisin, nous sommes aussi dans la même université! » « Youpi... » Non mais Dieu avait vraiment une dent contre moi hein?! Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça?! J'avais le garçon qui a hanté mes pensées pendant 2 longues années comme demi-frère, voisin et senior à Cambridge! A croire que comme disait Jayden, le destin s'acharnait à nous mettre ensemble.

Petit à petit, je me suis mise à apprécier Jayden, mais tout en gardant une certaine distance entre nous. Nos railleries continuaient, mais semblaient plus douces. Nos piques aussi, on voyait bien que le coeur n'y soit pas... Non, le coeur était déjà auprès de l'autre, enfin, le mien. J'aurai dû savoir que depuis cette soirée, il avait volé le mien. Mais entre nous, tout n'était que sarcasmes et piques. Je ne le supportais pas et pourtant, je ne pouvais me passer de sa présence...

***

« Oh, allez viens Aleandra, ne fait pas ta sainte-ni-touche! » « Lâche-moi je te dis, espèce de sale porc! » « Comment tu m'as appelé salope?! » Je fermais les yeux, sentant la gifle arriver mais rien... Je les rouvris alors pour voir le gars qui me harcelait, à terre et Jayden au-dessus de lui, portant coups après coups. « Jayden! Arrête, il n'en vaut pas la peine! » « Il t'a traité de salope! Il avait l'intention de te frapper Ali! » « Mais il ne l'a pas fait! Alors arrête » « Viens, on se casse! » Un dernier regard et je me laissais entraîner par mon demi-frère.

Pendant tout le trajet jusqu'à l'appartement, il n'a pas ouvert une seule fois la bouche. Je voyais à son regard qu'il était dans une rage folle. Mais pourquoi? Simplement parce que ce gars m'avait touché? ll m'a raccompagné jusqu'à la porte. Bien sûr vu que j'habitais en face de chez lui. Et alors qu'il allait refermer la sienne, je lui barrais la route par mon pied et rentrait à la suite. « Encore énervé? » Il ne m'a pas répondu. « Oh allez, ce n'était rien! » Et tout de suite, je regrettais mes mots... « Ce n'était rien?! RIEN?! Putain Ali, il allait te frapper et qui sait ce qu'il t'aurait fait si je n'avais pas été là! » « Mais c'est bon, pourquoi tu t'inquiètes autant pour moi? » « Parce que je... Tu es ma soeur, c'est normal non?! » Oui bien sûr, que croyais-tu Aleandra hein?! Qu'il allait dire qu'il t'aimait? Bien sûr que non... Il n'avait fait ça que parce que tu étais sa soeur, ou plutôt, sa demi-soeur. J'affichais un petit sourire triste. « Oui... oui bien sûr... Bon ben, bonne nuit... » Et je me retournais pour cacher les larmes qui menaçaient de couler. Quelle idiote quand même, d'avoir espéré qu'il ait fait ça parce qu'il tenait à toi. Au bien sûr, il tenait à moi, mais comme une soeur...

Et alors que j'allais ouvrir la porte, Jayden me retourna. Ses lèvres se posèrent sur les miennes, avec violence. Sa langue vint se frayer un chemin avant de se mettre à caresser la mienne. Il me lâcha, me regarda et ce fut à mon tour de l'embrasser. Je le savais que nous ne pouvions pas. Nous avions le même nom, les mêmes parents... Certes, nous n'étions pas liés par le sang mais c'était tout simplement contre la loi... et immoral. Seulement, cette nuit fut sans doute la plus belle de toute... Et la première de plusieurs après. Car oui, nous avons continué notre relation à l'abri des regards. Non, nous ne sortions pas ensemble, nous n'étions pas en couple. Tout ce que nous faisions, c'était prendre notre pied mutuellement ensemble, dans un lit. Et pourtant, mon coeur lui appartenait... Mais le sien était sûrement à quelqu'un d'autre...

« La trahison est une moisissure verte et douce, comme le duvet : elle ronge en silence et par l'intérieur. » Francis Blanche

Moi qui lui faisais une confiance absolue... Comment a-t-elle pu?! Elle savait pourtant à quel point je l'aimais, à quel point il était important pour moi. Quand j'ai vu ses lèvres se poser sur les siennes, mon coeur s'est brisé...

« Pourquoi Lizie?! Tu savais à quel point j'aime Jayden! Comment t'as pu me faire ça?! » « Pourquoi? Tu me le demande encore?! Sais-tu à quel point je souffrais quand tu me racontais tous vos ébats! Sais-tu combien de larmes j'ai versé juste après?! » « Je... Je ne savais pas... Pourquoi tu ne me l'as pas dit?! » « Qu'est-ce que ça aurait changé hein?! On est amoureuse du même gars, Ali! Tu me l'aurais laissé si je te l'avais demandé?! » « ... » « C'est bien ce que je me disais! » Et juste pour un gars, Lizie a mis fin à une amitié de 14 ans...

J'ai quitté Cambridge et l'Angleterre... Oui, j'ai fui comme une lâche. Qu'aurais-je pu faire d'autre? Les affronter eux, alors que je ne faisais que mettre des bâtons dans les roues de leur relation? Oui, je suis une lâche. Après plus de deux ans de relations avec Jayden, j'ai tout quitté. Je ne suis pas retournée à NY. Non, ça aurait été trop facile. Au lieu de ça, je me suis tourner vers mon parrain qui habitait à Long Beach. Il m'a accueilli les bras ouverts. Je savais que je pourrais toujours compter sur lui. Et voilà maintenant 3 ans que je suis dans la ville. Je n'ai plus revu Jayden, ni Lizie d'ailleurs et je doute que je les reverrais encore. Maintenant, il faut que je me consacre à mon travail de styliste. Qui aurait cru qu'un jour, je travaillerais aussi dans la mode, comme ma mère?!